Terre de glace et de feu

  • Travel Lovers

  • 22.04.2025

Premiers pas en Islande

Quand on pense à l’Islande, on imagine les volcans, les bains chauds, les plages noires… Mais c’est bien plus que ça : un voyage à la fois brut et bouleversant.

On s’y perd au gré du vent, guidés par la beauté saisissante des paysages. L’hiver est sans doute le meilleur moment pour s’y aventurer : une lumière à couper le souffle, des glaciers aux teintes irréelles, l’herbe jaune doré, la roche volcanique figée dans la glace.

En deux semaines, on peut faire le tour de l’île. Ce n’est pas une destination qu’on visite, mais une terre qu’on explore. Chaque trajet est une découverte, chaque détour une surprise.

Le périple commence à Reykjavik. Une journée suffit pour s’imprégner de l’atmosphère de la capitale : ruelles piétonnes, maisons colorées, balade autour de la Marina. On passe par le Sólfar, sculpture viking tournée vers le soleil, puis par Harpa, bâtiment futuriste aux vitres miroitantes.

En remontant Skolavordustigur, on aperçoit Hallgrimskirkja, majestueuse et minimaliste, comme sortie de la roche. Depuis le clocher, la vue sur Reykjavik est à couper le souffle.

L’Islande ne te raconte rien, elle t’oblige à écouter. Et quand tu tends l’oreille, ce n’est pas le vent que tu entends… c’est toi.

Marco Camilloni Travel Lover

Détente et découverte

Le Blue Lagoon, né des eaux chaudes de la centrale géothermique de Svartsengi, offre un bain aux reflets laiteux, riches en silice, algues et minéraux. Entre 36° et 40°, l’eau enveloppe le corps, le paysage enveloppe l’âme. Tout invite à la pleine présence.

Et si on attend un peu, la nuit s’anime. Le ciel s’ouvre, les aurores boréales dansent. Ce moment suspendu, presque irréel, nous rappelle qu’on ne fait qu’un avec le monde.

Un peu plus loin, le "Pont entre deux continents" relie symboliquement les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne. Là, à Reykjanes, on marche littéralement entre deux mondes. L’Islande, encore une fois, surprend – à la croisée des éléments et des continents.

Et ce n’est que le début du voyage.

Au cœur du feu et de la glace

Depuis 2021, la péninsule de Reykjanes s’est réveillée. Autrefois connue surtout pour le Blue Lagoon, elle est aujourd’hui le théâtre d’éruptions spectaculaires. Trois en deux mois fin 2023 ! Des sentiers mènent aux champs de lave du Fagradalsfjall, où la terre semble encore respirer. Ici, les Islandais parlent d’« éruptions touristiques », tant le spectacle fascine.

Sur la route du Cercle d’Or, le cratère de Kerið impressionne par sa perfection. Ce lac glacé en hiver, enchâssé dans une palette de roches multicolores, semble tout droit sorti d’un rêve minéral.

Plus loin, le champ géothermique de Geysir attire tous les regards. C’est là que Strokkur, né d’une éruption en 1789, jaillit toutes les 5 à 10 minutes. Sous nos pieds, l’eau et la roche jouent une symphonie souterraine, jusqu’à ce que la vapeur explose en gerbe. Un champagne de la terre.

Gullfoss, la “chute d’or”, ferme la boucle en majesté. Elle dévale deux étages dans un grondement profond, souvent couronnée d’un arc-en-ciel. Un classique absolu – et pour cause.

Et ce n’est qu’un début. Les cascades de Seljalandsfoss, Skógafoss, ou encore la plage noire de Sólheimasandur avec son épave mythique, nous attendent.

En Islande, chaque détour est une révélation.

Lost in Iceland

L’Islande, c’est le royaume des cascades – et Seljalandsfoss en est l’une des icônes. Haute de 60 mètres, elle tombe en rideau depuis le volcan Eyjafjallajökull. Sa particularité ? On peut passer derrière elle, dans un murmure d’eau et de lumière.

Un peu plus loin, Skógafoss s’impose. Large, bruyante, presque théâtrale, elle nous enveloppe de brume et de légendes. On dit qu’un trésor y est caché, vestige d’un passé enfoui. Sa poignée, seule preuve, repose aujourd’hui au musée de Skógar.

Puis vient le silence étrange du Sólheimasandur. On y marche longtemps, dans un décor lunaire, avant d’apercevoir une silhouette métallique : l’épave du DC-3 américain. Posée là depuis 1973, elle semble hors du temps. Solitaire. Fantomatique. Comme un rappel que tout peut s’arrêter – et qu’il faut parfois se perdre pour mieux ressentir.

Noir désir

Rien qu’en voyant la plage, on comprend que l’Islande est née d’un volcan, du noir partout, des falaises qui se plantent à la verticale dans les vagues et cette écume blanche qui s’étale à nos pieds. Même au cœur de la ville, tout semble sauvage, ici l’homme n’est pas une priorité, un océan à toucher principalement avec les yeux, puisque cette plage est une des plus dangereuses plages au monde. Des vagues immenses suffisent à emporter et à engloutir tout sur son passage. On reste là à contempler, totalement hypnotisé par le ballet des vagues, des rouleaux et cette écume parfaite. Ces premiers jours donnent le ton, on est là pour admirer se perdre et vivre au gré de la nature. 

Slow Life

Dès qu’on entre dans ce décor, quelque chose change. Le rythme ralentit. On suit l’herbe dorée, les sentiers cabossés, et peu à peu, tout repère s’efface. Un calme profond s’installe, comme si le monde s’arrêtait de tourner.

À Skaftafell, la randonnée vers Svartifoss – la "cascade noire" – nous emmène à travers un paysage cinématographique. Nichée au cœur d’un amphithéâtre de colonnes basaltiques, la chute d’eau impressionne par sa pureté et son cadre brut, presque sacré.

Plus loin, une plage de sable noir s’illumine de fragments de glace. Diamond Beach. Ces blocs translucides, venus du glacier Breiðamerkurjökull, ont traversé les âges avant d’échouer ici, polis par le temps. À la lumière, ils brillent comme des joyaux anciens.

Ici, le temps s’étire. Et l’on se souvient de respirer.

Septième Art

On croit marcher dans un village viking. En réalité, ce décor est né pour le cinéma : maisons en bois, drakkar échoué, silence orchestré. Construit pour un film de Mel Gibson jamais réalisé, il a finalement servi à la série The Witcher – Blood Origins. Fiction et réalité s’y confondent. L’imaginaire prend le relais.

Direction ensuite les grottes de glace de Breiðamerkurjökull. En hiver, on y accède en 4x4 XXL. Sous le glacier, les Blue Ice Caves nous transportent ailleurs : parois bleues, arches translucides, silence glacé. On se croirait dans Interstellar. Chaque année, la nature sculpte de nouveaux chefs-d’œuvre, fragiles et éphémères.

Mais derrière la beauté, un constat : le glacier fond. 40 mètres par an, 110 l’an dernier. Les craquements, les gémissements de la glace – tout résonne comme un avertissement.

On y retourne, poussés par l’émotion. Le vent gifle, le froid mord, mais le décor est irréel. Les icebergs flottent comme des lames taillées par le vent. Et au bout du chemin, sous un ciel limpide, on est seuls.

Seuls face à la beauté, face à notre impact, face au monde.

Pays aux 1000 cascades

Sur la route du Nord, tout devient silence. Le paysage est blanc, infini, lunaire. On roule dans un décor gelé, hypnotique, comme suspendu entre ciel et fjords. Rien ne prépare à ce que l’Islande vous fait ressentir ici. Chaque détour, chaque lumière – c’est un moment de grâce.

Loin des guides, c’est souvent l’instinct qui guide nos pas. Et parfois, sans prévenir, la nature se dévoile dans toute sa splendeur. L’Islande peut être rude, mais elle récompense ceux qui osent s’aventurer plus loin.

La marche vers Hengifoss, au nord-est, en est la preuve. L’une des plus hautes cascades du pays (118 m), dressée dans un amphithéâtre de basalte strié de rouge. Ces couches, vieilles de millions d’années, racontent l’histoire d’un monde façonné par le feu et le temps.

Marcher ici, c’est lire une page vivante de la Terre.

Zone de confort

Se perdre. Parfois en cherchant, parfois en trouvant. En Islande, c’est presque inévitable – et essentiel. Ce pays se révèle à ceux qui osent s’y enfoncer. Explorer, revenir, redécouvrir… marcher encore, pour mieux ressentir.

Nous avons choisi de rebrousser chemin. Pas pour refaire, mais pour ressentir autrement. Puis, une voix intérieure nous pousse plus loin – hors de notre zone de confort. Direction Silfra, la faille entre deux mondes : Amérique et Europe.

Plonger ici, c’est unique. Une eau d’une pureté irréelle, glacée mais limpide, avec une visibilité jusqu’à 100 mètres. Protégés par une double combinaison, on s’immerge dans une cathédrale bleue : Silfra. Une crevasse longue de 100 mètres, profonde de 63, sculptée par le temps et la glace.

Un moment suspendu.

Entre deux continents, entre deux respirations.

Chaud et froid

On voulait rejoindre Reykjadalur, la fameuse rivière d’eau chaude perchée dans les montagnes… mais la neige et le vent ont eu le dernier mot. Mal équipés, on a fait demi-tour – pas grave. Un autre lieu nous attendait.

Hrunalaug, petite source naturelle, nichée dans un écrin de calme. Trois bassins, rien de plus. Mais ce décor bucolique, loin des foules du Blue Lagoon, nous a offert un moment suspendu. Seuls dans l’eau chaude, face aux collines enneigées.
Le silence. Le vrai luxe.

Puis, changement de décor : cap sous terre, dans le tunnel de lave de Raufarhólshellir, à l’ouest de Reykjavik. Un monde souterrain, né du feu. Pierres volcaniques, couleurs changeantes, silence total. Une guide passionnée nous a raconté l’histoire du lieu – et ses secrets : mariages, tournages, légendes.

Marcher ici, dans le noir absolu, c’est plonger dans les entrailles de l’Islande.

Une expérience brute, minérale, mémorable.

Montagne Église

La Route 1, c’est la colonne vertébrale de l’Islande. L’équivalent de la Route 66 – mais en plus sauvage, plus brute, plus belle. On y passe des heures, hypnotisés par le décor. Ce n’est pas la météo qui rend la conduite difficile… c’est le paysage. Impossible de ne pas vouloir s’arrêter toutes les cinq minutes.

À l’Est, la route file entre océan et glacier. À l’Ouest, les terres se teintent de gris, d’or et de rien. Rouler ici, c’est avancer dans un vide magnifique. La voiture devient alors un refuge, un outil de survie, un poste d’observation mobile.

Puis, après un virage de plus, Kirkjufell surgit. La montagne église. 463 mètres de grâce plantée au bord de l’océan, à Grundarfjörður. Symétrique, presque irréelle, elle est l’un des lieux les plus photographiés d’Islande – et décor de la série Game of Thrones, alias Arrowhead Mountain.

Un sommet mythique, au bout d’une route qui ressemble à un rêve.

Épilogue – L’Islande en soi

Il y a des voyages qui cochent des cases. Et puis il y a l’Islande.
Un pays qui ne se visite pas, mais qui s’imprime. Dans le regard, dans la peau, dans l’âme.

On revient changé. Pas parce qu’on a vu des volcans, des aurores ou des cascades. Mais parce qu’on a touché quelque chose de plus grand que soi.
Le silence. Le souffle. Le vide plein.
Et ce moment rare où le monde extérieur vous oblige à regarder à l’intérieur.

L’Islande ne vous prend pas par la main. Elle vous met à l’épreuve.
Mais si vous acceptez, elle vous offre ce que peu d’endroits savent encore donner :
la sensation d’exister, pleinement, ici et maintenant.

Et quand le vent se calme, quand la lumière s’adoucit…
on comprend que se perdre ici, c’était peut-être le meilleur moyen de se retrouver.

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